Les dépenses de santé en 2021 – édition 2022 - Résultats des comptes de la santé

Panoramas de la DREES

Paru le 15/09/2022

Sous la direction de Franck Arnaud, Geoffrey Lefebvre, Myriam Mikou et Mickaël Portela
La Direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques (DREES) publie « Les dépenses de santé en 2021 ». Ce Panorama analyse les comptes de la santé en 2021 et replace ces résultats dans une perspective internationale. Les comptes de la santé recouvrent notamment la consommation de soins de santé en France et les financements correspondants, qu’ils relèvent de l’Assurance maladie, de l’État, des collectivités locales, des organismes complémentaires ou directement des ménages. La DREES présente pour la première fois, dans cet ouvrage, les résultats provisoires de la dépense courante de santé au sens international (DCSi), seulement 9 mois après la fin de l’année civile. Cet agrégat est utilisé par la majeure partie des pays de l’OCDE pour analyser les dépenses de santé.

 

En France, les effets de le crise sanitaire pèsent encore en 2021 sur le niveau de la dépense courante de santé au sens international (DCSi). Cet agrégat, qui recouvre la consommation de soins et de biens médicaux (CSBM) mais également les dépenses de soins de longue durée, de prévention et celles liées à la gouvernance du système de santé, augmente à nouveau en 2021 du fait de la crise sanitaire : +9,8 % en 2021 après +3,7 % en 2020 (graphique 1) pour s’élever à 307,8 milliards d’euros, soit 4 600 euros par habitant. Le rebond de l’activité médicale après son affaissement en 2020, mais aussi l’intensification de la campagne de dépistage et le déploiement de la vaccination contre le Covid-19 contribuent à l’accélération de la DCSi en 2021. Au total, sur le champ de la DCSi, le surcoût de dépenses liées à la crise de Covid-19 est estimé à 17,4 milliards d’euros en 2021 (après 14,8 milliards en 2020).

La CSBM comprend les soins hospitaliers (y compris cliniques), les soins de ville (médecins, infirmiers, laboratoires, etc.), les médicaments, les autres biens médicaux et les transports sanitaires. Elle s’élève à 226,7 milliards d’euros en 2021, soit 9,1 % du PIB. Cette dépense représente en moyenne de 3 350 euros par habitant.

En 2021, la CSBM accélère fortement : +7,9 % en valeur, après +1,6 % en 2020, année marquée par la chute d’activité engendrée par les mesures de restriction sanitaires. Il s’agit de la plus forte hausse des dépenses observée depuis 30 ans, période durant laquelle la CSBM a cru de 3,5 % par an en moyenne. Les mesures de garantie de revenus mises en œuvre pour faire face à la crise sanitaire (le dispositif d'indemnisation pour perte d'activité pour les professionnels de santé en libéral – DIPA - et la garantie de financement pour les cliniques privés) ont soutenu la CSBM en 2020. En l’absence de ces mesures de soutien, la CSBM aurait augmenté de 0,4 % en 2020 et de 8,8 % en 2021 (graphique 1).

Graphique 1  Évolution de la DCSi et de la CSBM en valeur

La DCSi augmente également fortement dans la quasi-totalité des pays de l’OCDE en 2021, comme elle l’avait fait en 2020. Aux États-Unis, cette hausse atteint +4,0 % en 2021, après une croissance de 10,3 % en 2020 (graphique 2). Chez nos voisins européens, le Royaume-Uni enregistre une croissance de ses dépenses de santé en 2021 de 7,4 %, à la suite d’une croissance record en 2020 parmi les pays de l’OCDE (+15,7 %). En Allemagne, la croissance des dépenses de santé reste stable et élevée (+5,9 % en 2021 et +6,3 % en 2020). En France, dont nous disposons pour la première fois des données de la DCSi dans un délai aussi rapide (9 mois), la DCSi a accéléré en 2021, comme dans de nombreux autres pays européens (Autriche, Danemark, Norvège, Pologne, etc.).

Graphique 2  Évolution de la DCSi en valeur en 2020 et 2021

En 2021, la DCSi s’établit à 12,3 % du produit intérieur brut (PIB) en France (graphique 3). La France se situe près de cinq points derrière les États-Unis (17,8 % en 2021), qui sont de loin en tête des pays de l’OCDE. L’Allemagne, la France et le Royaume-Uni dépensent une part proche de leur PIB pour la santé, au-dessus des autres pays de l’UE-15 : respectivement 12,8 %, 12,3 % et 11,9 % en 2021.

Graphique 3 DCSi en % du PIB en 2020 et 2021

En France, en 2021, l’ensemble des secteurs de soins contribuent à la croissance de la CSBM. Y figurent notamment les soins hospitaliers de par leur poids mais aussi les trois secteurs concernés par la réforme du 100 % santé : les prothèses dentaires, les audioprothèses et l’optique médicale.

La consommation de soins hospitaliers publics et privés augmente de 6,2 % en 2021 (après +6,0 % en 2020 et +2,0 % en 2019). En 2020, l’augmentation de la consommation en valeur résultait surtout d’un effet prix, du fait des primes Covid, du début des revalorisations salariales du Ségur de la santé et de la mise en place du DIPA dans les cliniques privées, dans un contexte de baisse de l’activité en volume. En 2021, la continuation de cette forte progression de la consommation s’explique surtout par la montée en puissance des mesures du Ségur de la santé et par un rebond important de l’activité, notamment dans le secteur privé.

La consommation des trois postes de dépenses concernés par la mise en œuvre de la réforme du 100 % santé est particulièrement dynamique en 2021, après un repli en 2020 dans le contexte de la crise sanitaire. La croissance de ces dépenses est soutenue par la montée en charge de ce dispositif mais également par un probable effet de report de consommation entre 2020 et 2021. Les soins de dentistes augmentent ainsi de 22,5 %, portés par la consommation de prothèses du panier 100 % santé, en hausse de près de 40 % en 2021. La consommation d’audioprothèses augmente de 60,0 % en 2021. La consommation d’optique médicale progresse également fortement en 2021 (+15,8 %), malgré un effet d’entraînement plus faible du 100 % santé que pour les prothèses dentaires et les audioprothèses.

La consommation de soins de médecins généralistes et spécialistes rebondit en 2021 après la baisse d’activité enregistrée en 2020 due aux restrictions de déplacements. La consommation de soins de spécialistes en 2021 dépasse celle de 2019, tandis que pour les généralistes la consommation retrouve son niveau de 2019.

La consommation de médicaments en ambulatoire augmente de 4,4 % en 2021 après six années consécutives de baisse. Cette progression s’explique par la hausse des volumes de médicaments (+7,7 %) liée à de fortes hausses de consommation sur plusieurs classes thérapeutiques et à l’arrivée sur le marché de nouveaux traitements coûteux. Cette augmentation des volumes de médicaments s’observe également dans d’autres pays d’Europe, et en premier lieu en Allemagne (une exploitation originale des dépenses pharmaceutiques en Europe en 2020 et 2021 est réalisée dans cet ouvrage).

Les dépenses des biens médicaux hors optique médicale et audioprothèses se stabilisent en 2021 (+0,9 %) (après une année très dynamique à +11,2 %) du fait notamment de la chute du prix des masques.

Le reste à charge des ménages augmente de 0,4 point en 2021, de 6,6 % de la CSBM à 7,0 % (après 7,2 % en 2019). La crise sanitaire a entraîné une recomposition importante de la structure de consommation et de financement des soins et biens médicaux en 2020. En effet, la prise en charge par l’Assurance maladie des dépenses exceptionnelles liées à la crise sanitaire s’est traduite par une hausse de sa participation au financement de la CSBM de 1,7 point entre 2019 et 2020, qui atteint près de 80 % de la dépense totale. En 2021, la part de la CSBM financée par la Sécurité sociale est quasiment stable. La fin de certaines mesures exceptionnelles mises en œuvre dans le cadre de l’urgence sanitaire et la reprise des consultations et des soins ont entrainé un rééquilibrage des dépenses entre la Sécurité sociale et les organismes complémentaires, mais cet effet a été compensé par le transfert des dépenses de la complémentaire santé solidaire (CSS) de l’État vers la Sécurité sociale. Le financement direct par l’État devient ainsi résiduel en 2021 (0,4 % de la CSBM, après 1,6 % en 2020). La part des organismes complémentaires augmente de 0,6 point en 2021, à 12,9 %, sous l’effet de l’essor du 100 % santé et de la reprise d’activité, notamment des soins délivrés en ville. Cette part était de 13,5 % en 2019, avant la crise sanitaire. Malgré la baisse induite par la réforme du 100 % santé, le reste à charge des ménages reste plus élevé que la moyenne pour les trois secteurs ciblés.

La France reste l’un des pays où le reste à charge des ménages en santé est le plus faible. Le reste à charge des ménages par rapport à la dépense courante de santé au sens international s’élève en 2021 à 8,9 % de la DSCi (8,8 % en 2020), soit le deuxième niveau le plus faible au sein des pays de l’OCDE (après le Luxembourg). Le RAC de la DCSi comprend le reste à charge sur les soins et biens médicaux (7,0 % de la CSBM, cf. ci-dessus) mais aussi le RAC sur les autres composantes de la dépense, notamment sur les soins de longue durée pour lesquels la participation des ménages est élevée en France. Enfin, dans la quasi-totalité des pays de l’OCDE, la crise sanitaire a conduit à une recomposition importante du financement des dépenses de soins réduisant la part de la DCSi financée par les ménages.

À propos de l’ouvrage
Les dépenses de santé en 2021 - Résultats des comptes de la santé - Édition 2022
Chaque année, les résultats des comptes de la santé sont présentés, en septembre, lors de la Commission des comptes de la santé, en présence du ministre de la Santé et de la Prévention, de représentants des professionnels de la santé, de personnalités et acteurs du secteur de la santé et d’un collège de personnalités qualifiées, composé de chercheurs et d’experts du domaine. Les travaux de cette commission s’inscrivent dans le cycle préparatoire du projet de loi de financement de la Sécurité sociale, discuté au Parlement à l’automne. Élaborés par la DREES, les comptes de la santé constituent l’un des satellites des comptes nationaux de l’Insee, dont ils adoptent la méthodologie. Ils servent également de base à l’élaboration des comptes de la santé présentés dans les instances internationales (System of Health Accounts [SHA] de l’OCDE, d’Eurostat et de l’OMS) et permettent ainsi d’établir des comparaisons internationales sur des bases harmonisées.
Chaque année, des révisions méthodologiques sont apportées aux comptes de la santé afin d’en accroitre la précision et l’exhaustivité. L’ensemble des révisions opérées en 2022 modifient le niveau des dépenses et les montants pris en charge par chacun des financeurs sur plusieurs années. (pour plus d’information, consulter le site internet : https://drees.solidarites-sante.gouv.fr/article/regles-de-mise-disposition-de-linformation).

Autres études sur les dépenses de santé :

 

Ouvrage

 

La CSBM et son financement
La consommation de soins et de biens médicaux


Les soins ambulatoires


Les biens médicaux


Les soins hospitaliers


Le financement de la CSBM


La dépense courante de santé au sens international


Comparaisons internationales

 

Annexes


Tableaux détaillés

 

Données

 

Sous la direction de Franck Arnaud, Geoffrey Lefebvre, Myriam Mikou et Mickaël Portela

Comptes
Khadija Jabri, Salimeh Monirijavid, Thomas Renaud
avec Cyril de Williencourt

Rédaction
Bénédicte Boisguerin, Solal Chardon-Boucaud, Hind El Orji, Khadija Jabri, Édouard Maugendre, Myriam Mikou, Salimeh Monirijavid, Thomas Noël, Vincent Reduron, Thomas Renaud, Lisa Troy, Cyril de Williencourt

Directeur de la publication
Fabrice Lenglart

Présidente de la commission des comptes de la santé
Dominique Polton

Responsable d’édition
Valérie Bauer-Eubriet

Secrétaire de rédaction
Elisabeth Castaing

Coordination et maquettage
Khadija Jabri, Salimeh Monirijavid, Thomas Renaud, Lisa Troy

Organisation de la commission
Isabelle Philippon

Remerciements
La DREES tient à remercier les personnels des organismes privés et publics qui fournissent chaque année les données nécessaires à l’élaboration des comptes de la santé, en particulier la Direction de la Sécurité sociale (DSS), la Caisse nationale de l’Assurance maladie (CNAM), l’Autorité de con-trôle prudentiel et de résolution (ACPR), l’Institut national de la statistique et des études écono-miques (Insee), l’Agence technique de l’information sur l’hospitalisation (ATIH), la Direction générale des finances publiques (DGFiP), la Direction générale de l’offre de soins (DGOS), les entreprises du médicament (LEEM), la Fédération des syndicats pharmaceutiques de France (FSPF), la confédéra-tion du Planning familial, le Régime local d’assurance maladie d’Alsace-Moselle (RLAM), la Mutualité sociale agricole (MSA), la Direction générale des collectivités locales (DGCL), la Fédération nationale des observatoires régionaux de santé (FNORS), le ministère de l’Éducation nationale, de l’Enseigne-ment supérieur et de la Recherche, le Fonds national de prévention, d’éducation et d’information à la santé (FNPEIS).

 

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