Retraite : entre 35 et 44 ans, les femmes des générations 1970 valident autant de trimestres que les hommes - Premiers résultats de l’EIC 2017

Études et résultats

N° 1239

Paru le 30/08/2022

Véronique Guiberteau (DREES)
La Direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques (DREES) publie une étude sur les durées d’assurance des affiliés à partir de l’échantillon interrégimes de cotisants (EIC) 2017. Il s’agit de la première exploitation de la cinquième vague de cette enquête quadriennale, réalisée grâce aux remontées de données d’une soixantaine de régimes de retraite. Des données détaillées associées sont également publiées.

 

L’échantillon interrégimes de cotisants (EIC) 2017 de la DREES permet de dresser un panorama des droits directs à la retraite – tous régimes de retraite confondus – acquis jusqu’au 31 décembre 2017 par les affiliés nés entre 1946 et 1994. Il permet ainsi de suivre l’évolution, au fil des générations, des durées d’assurance validées auprès de l’ensemble des régimes de base du système de retraite français, aux différents âges de la carrière.

La durée d’assurance pour la retraite validée à 30 ans se stabilise autour de huit années
La durée d’assurance moyenne pour la retraite validée à 30 ans a fortement diminué entre les générations 1950 et 1976 (de 43,1 trimestres à 31,8 trimestres), et stagne autour de 32 trimestres pour les générations suivantes. Plusieurs facteurs l’expliquent : l’âge de fin de scolarité obligatoire, porté à 16 ans à partir de la génération 1953, l’allongement de la durée des études, et un chômage plus fréquent en début de carrière. L’écart entre sexes, à l’avantage des hommes, se réduit progressivement au fil des générations grâce à la participation accrue des femmes au marché du travail et à de nouveaux droits acquis au titre de l’assurance vieillesse des parents au foyer (AVPF).

Les femmes des générations 1970 valident autant de trimestres que les hommes entre 35 et 44 ans
Sur toutes les tranches d’âge quinquennales comprises entre 30 et 49 ans, les femmes non retraitées sur les périodes considérées valident en moyenne au moins 4 années sur 5 : c’est le cas dès la génération 1968 pour la tranche 40-44 ans, dès la génération 1972 pour la tranche 35-39 ans et dès la génération 1980 pour la tranche 30-34 ans. Chez les hommes, ce rythme quinquennal de validation baisse légèrement sur ces mêmes tranches d’âge à partir de la génération 1954. En moyenne, les femmes valident autant de trimestres que les hommes sur la tranche d’âge de 30 à 34 ans à partir de la génération 1974, et sur les tranches de 35 à 39 ans et de 40 à 44 ans à partir de la génération 1972.

La part de femmes validant une durée complète entre 30 et 49 ans augmente
Sur la tranche d’âge 30-39 ans, la part des femmes et des hommes ayant validé 40 trimestres tend à converger : pour la génération 1946, ces pourcentages s’élèvent à plus de 66 % pour les hommes contre un peu plus de 40 % pour les femmes, tandis que pour la génération 1978, ils s’élèvent respectivement à 57 % et 51 %. Le constat est le même entre 40 et 49 ans : ces parts atteignent 56 % pour les femmes nées en 1968 et 63 % pour les hommes de cette même génération, soit 7 points de plus par rapport aux femmes nées en 1946 et 3,5 points de moins pour les hommes nés en 1946.

Le rythme de validation de trimestres décroît en fin de carrière
Entre 55 et 59 ans, et pour chaque génération, le rythme moyen de validation de trimestres diminue par rapport à la tranche quinquennale précédente. Néanmoins, le nombre de trimestres validés après 50 ans augmente au fil des générations. Entre 55 et 59 ans, il augmente de 2 trimestres pour les femmes et de 1,4 trimestre pour les hommes, entre les générations 1946 et 1958. La part d’individus (non retraités) ne validant aucun trimestre entre 50 et 59 ans diminue au fil des générations, mais demeure plus élevée que pour les tranches d’âge précédentes.

À 50 ans, les trimestres non cotisés représentent un peu plus de 20 % des durées validées par les femmes
Outre les trimestres cotisés au titre de l’emploi, la durée validée auprès des régimes de retraite comprend les trimestres acquis au titre de l’AVPF et les trimestres dits « assimilés » (service national, chômage, préretraite publique, reconversion, formation, maladie, maternité, invalidité et accidents du travail). À tout âge, la part de trimestres validés à ce titre par les hommes est moindre que celle des femmes. Pour les personnes nées entre 1954 et 1966, ils représentent à 50 ans 6 % à 11 % des durées validées pour les hommes contre un peu plus de 20 % pour les femmes.

Un nombre de trimestres validés au titre du chômage très sensible à la conjoncture économique rencontrée en début de carrière
À âge donné, le cumul du nombre de trimestres utiles validés au titre du chômage, de la préretraite, de la reconversion et de la formation augmente au fil des générations jusqu’à celle née en 1968. La différence d’évolution entre générations est notamment liée au contexte économique qui les touche à différents moments de leur carrière. La montée du chômage à partir de la fin des années 1970, puis sa stabilisation à un niveau élevé à la fin des années 1980, ont ainsi concerné les générations les plus jeunes dès leur entrée sur le marché du travail, alors qu’elles n’ont touché les générations plus anciennes qu’à un stade plus avancé de leur carrière.

La validation de trimestres au titre de la maladie augmente avec l’âge après 40 ans
Le nombre de trimestres utiles validés pour ces motifs est relativement faible à tout âge et pour toutes les générations. Quels que soient l’âge, le sexe et la génération, ils représentent moins de 2 % des validations totales depuis le début de carrière, et ils restent inférieurs à 1 % pour ceux qui ont moins de 50 ans fin 2017. Pour les femmes comme pour les hommes, ces trimestres sont acquis, pour l’essentiel, en fin de carrière. À partir de 40 ans, le cumul de ces trimestres augmente et accélère fortement après 50 ans. Quelle que soit la génération, les femmes valident plus souvent des trimestres à ce titre que les hommes mais avec des durées validées moindres.

Encadré : Présentation de l’échantillon interrégimes de cotisants (EIC)
L’échantillon interrégimes de cotisants (EIC), réalisé tous les 4 ans, permet d’étudier les droits directs à la retraite acquis par un échantillon de plus de 700 000 personnes de générations différentes qui sont ou ont été affiliées (y compris les personnes déjà parties à la retraite) au moins une fois au cours de leur carrière, à l’un des régimes de retraite partenaires de l’opération. La cinquième vague de l’EIC (EIC 2017), portant sur les droits acquis au 31 décembre 2017, représente les personnes vivantes ayant entre 23 et 71 ans. Cet échantillon est un panel : les individus tirés dans l’EIC 2001 sont suivis dans les vagues suivantes pour observer l’évolution de leurs droits acquis entre deux EIC. Il présente ainsi une connaissance globale des droits à la retraite acquis par les affiliés, sans reconstitution à partir de données déclaratives. Couplé avec l’Échantillon interrégimes de retraités (EIR), il permet également d’analyser les passages de l’emploi à la retraite et de réaliser des projections.

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