Suivi mensuel des prestations de solidarité pendant la crise sanitaire - Édition de juillet 2021

Paru le 30/07/2021

Résumé

En mai, le nombre d’allocataires du RSA retrouve quasiment son niveau d’avant crise
Fin avril, le nombre de bénéficiaires de la Garantie Jeunes atteint son plus haut niveau

Dans le contexte actuel de crise sanitaire, la Direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques (DREES) publie chaque mois un tableau de suivi des prestations de solidarité, réalisé avec le concours des organismes gestionnaires de ces prestations. Cette publication vise à rassembler et à mettre à disposition les données mensuelles disponibles les plus récentes ainsi qu’à éclairer les effets de la crise sanitaire, y compris à l’échelle des territoires, sur l’évolution de la pauvreté en France.
L’édition de juillet confirme la baisse des effectifs du revenu de solidarité active (RSA) et de l’allocation de solidarité spécifique (ASS) amorcée fin 2020, après la forte hausse générée par la crise sanitaire. Le niveau des effectifs du RSA fin mai est quasiment celui d’avant la crise sanitaire et celui de l’ASS fin avril est nettement inférieur. La baisse du nombre de bénéficiaires d’une aide au logement amorcée depuis le début de l’année 2021 se confirme également.

 

En mai 2021, le nombre d’allocataires du RSA est quasiment égal à celui d’avant la crise sanitaire

Fin mai 2021, 1,94 million de foyers perçoivent le RSA, soit une baisse de 2,4 % par rapport à mai 2020. En hausse à la suite du premier confinement, du fait de la détérioration de la situation économique et des mesures de maintien de droit mises en place, la croissance en glissement annuel[1] des effectifs du RSA a augmenté jusqu’en août 2020, où elle a atteint son point culminant (+8,6 %). La croissance du nombre d’allocataires a augmenté plus faiblement en octobre et novembre, essentiellement portée par un effet saisonnier et, pour la première fois depuis le début de la crise sanitaire, le nombre d’allocataires du RSA a diminué en décembre. Cette baisse des effectifs se poursuit depuis : -132 600 allocataires au total entre fin novembre 2020 et fin mai 2021, soit une baisse de 6,4 %. Le niveau des effectifs du RSA fin mai 2021 est quasiment celui d’avant la crise sanitaire (1,93 million en février 2020).

La baisse du nombre d’allocataires de l’ASS se poursuit

Fin avril 2021, le nombre d’allocataires de l’ASS indemnisés s’élève à 322 200 personnes, soit une baisse de 8,2 % par rapport à avril 2020. Après une diminution continue depuis 2015, interrompue par le premier confinement, les effectifs de l’ASS ont fortement augmenté entre mai et septembre 2020 (+11,0 %) avant de baisser chaque mois depuis octobre (-15,2 % entre septembre et avril 2021). Cette décrue résulte, en partie, des mesures de prolongation des droits à l’allocation chômage prises par le gouvernement pendant le deuxième confinement[2], qui ont de fait limité le nombre d’entrées dans l’ASS.

Les effectifs de la prime d’activité baissent depuis début 2021

Fin mai 2021, 4,48 millions de foyers bénéficient de la prime d’activité, soit une baisse de 1,4 % par rapport à mai 2020. Les effectifs ont légèrement augmenté durant le premier confinement (+1,4 % entre février et mai 2020) puis ont diminué à l’issue de celui-ci (-3,4 % entre juin et août 2020). Ils sont repartis à la hausse entre août et décembre (+4,2 %), dépassant alors légèrement leur niveau d’avant la crise. En l’absence de crise sanitaire, les effectifs de la prime d’activité auraient dû augmenter plus nettement en 2020.

Depuis le début de l’année 2021, les effectifs diminuent de nouveau[3] (-130 000 allocataires entre fin décembre et fin avril). Cette baisse s’explique, selon la CNAF[4], à la fois par une augmentation du nombre d’allocataires perdant leur droit (sorties) et par une diminution des ouvertures de droits (entrées). Une grande partie de l’augmentation des sorties (65 %) sont dues à la hausse des ressources des allocataires en lien avec la reprise économique de l’automne 2020. Les effectifs augmentent très légèrement en mai (+27 200) mais cette hausse pourrait être en partie saisonnière.

Après une très forte diminution en janvier, les effectifs des bénéficiaires d’une aide au logement continuent de baisser depuis

Fin mai 2021, 5,78 millions de foyers[5] perçoivent une aide au logement, soit une baisse de 6,3 % par rapport à mai 2020. En hausse suite à la crise sanitaire, le nombre de foyers bénéficiaires d’une aide au logement a fortement diminué en janvier 2021 (-8,5 % en un mois). Cette baisse s’explique en partie par un effet saisonnier mais elle est plus forte que les années précédentes[6]. L’écart résulte notamment de la mise en place de la « contemporanéisation » des aides au logement à partir du 1er janvier 2021. Dorénavant, les aides au logement sont calculées sur la base des ressources des douze derniers mois et non plus sur celles de l’année n-2, et les droits sont recalculés tous les trois mois (contre tous les ans auparavant). D’après le ministère de la Transition écologique, en janvier 2021, cette réforme aurait réduit d’environ 300 000 le nombre d’allocataires d’une aide au logement.

Le nombre de foyers bénéficiaires diminue encore entre janvier et mai (-166 600), alors qu’il a augmenté en moyenne de 110 100 entre janvier et mai les quatre années précédentes. L’ampleur précise de la baisse sera connue lors de la publication des données définitives de la CNAF.

En avril, un peu plus de 110 000 jeunes bénéficient de la Garantie jeunes

Fin avril 2021, 110 400 jeunes bénéficient d’un accompagnement dans le cadre de la Garantie jeunes, contre 84 800 un an auparavant, soit une hausse de 30,1 %. Le nombre de bénéficiaires atteint son plus haut niveau depuis la généralisation de la Garantie jeunes en 2017. C’est aussi la première fois que le nombre de jeunes accompagnés dépasse 100 000. Très dynamiques depuis juin 2020, les entrées initiales[7] dans ce dispositif dépassent en avril 2021 très largement celles observées un an auparavant (12 700 contre 300) du fait de la quasi-interruption des entrées en avril 2020 lors du premier confinement. Les entrées initiales sont aussi nettement plus fortes qu’en avril 2019 (+4 000).

Le nombre d’allocataires de la Garantie jeunes, c’est-à-dire de jeunes qui, en plus de l’accompagnement, perçoivent l’allocation associée à la prestation, a lui aussi diminué à la suite du premier confinement. Il remonte depuis octobre et s’élève à 79 300 en février 2021[8].

En juin, le nombre d’étudiants bénéficiaires d’un repas à 1 euro continue de diminuer

Fin juin 2021, 196 700 étudiants ont bénéficié au moins une fois dans le mois d’un repas à 1 euro[9], soit une baisse de 24 % par rapport au mois de mai. Cette diminution s’explique par une baisse de la fréquentation des structures de restauration habituellement observée en juin compte tenu du calendrier universitaire. Cette baisse est plus marquée pour les étudiants boursiers (-30 % contre -21 % pour les étudiants non boursiers). En juin, 127 800 étudiants non boursiers et 69 000 étudiants boursiers ont bénéficié d’au moins un repas à 1 euro. La part des boursiers parmi les étudiants bénéficiaires de repas à 1 euro en juin 2021 est, pour la première fois depuis février, inférieure à celle des boursiers sur critères sociaux parmi l’ensemble des étudiants en 2019-2020 (35 % contre 39 %). Le nombre moyen de repas par bénéficiaire a légèrement augmenté par rapport au mois précédent (environ huit repas par personne contre sept repas en mai).

En juin, le nombre d’étudiants bénéficiaires d’une aide financière ponctuelle versée par le Crous remonte légèrement

En juin 2021, 7 500 étudiants ont bénéficié d’une aide spécifique ponctuelle (ASP) attribuée par les services sociaux des Crous en cas de situation d’urgence ou de détresse avérée. Alors que le nombre d’ASP diminue chaque année à partir du mois de mars jusqu’à juillet en lien avec le calendrier universitaire – à l’exception de 2020, du fait de la crise sanitaire – les effectifs remontent légèrement en juin (7 200 en mai et 9 900 en avril). Ils sont inférieurs à ceux de juin 2020 (-20 %) mais restent nettement supérieurs à ceux de juin 2019 (+77 %). En hausse également par rapport au mois précédent (+11 %), le montant total des aides attribuées est en revanche relativement stable par rapport à juin 2020 : il s’élève à 3,3 millions d’euros (contre 3,4 millions, soit -5 %). Le montant mensuel moyen demeure plus élevé (434 euros par bénéficiaire en juin 2021 contre 367 euros en juin 2020).

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Précisions méthodologiques

Le tableau de suivi des prestations de solidarité fournit des informations sur les effectifs nationaux et départementaux des allocataires du revenu de solidarité active (RSA), de l’allocation aux adultes handicapés (AAH), de l’allocation de solidarité spécifique (ASS), de la prime d’activité, des aides au logement et des bénéficiaires de la Garantie jeunes. Depuis l’édition de février, il s’est enrichi de données nationales et régionales sur des aides destinées aux étudiants.

Sauf pour la Garantie jeunes et les aides destinées aux étudiants, les données qui portent sur les cinq derniers mois publiés sont provisoires et donc susceptibles d’être révisées dans les prochains mois. Les données sur les aides destinées aux étudiants qui portent sur le dernier mois publié le sont également. Dans certains cas, les données ont fait l’objet d’estimations de la DREES. Les effectifs ne sont pas corrigés des doubles comptes : par exemple, une personne qui bénéficie du RSA, de la prime d’activité et des aides au logement sera comptée à la fois parmi les allocataires du RSA, de la prime d’activité et des aides au logement.

 

Pour en savoir plus :

> Cabannes, P.-Y., Calvo, M., Echegu, O. (2020, décembre). Plus de 2 millions d’allocataires du RSA fin octobre 2020. DREES, Études et Résultats, 1175.

> Cabannes, P.-Y., Richet-Mastain, L. (dir.), Calvo, M. (coord.) (2020, septembre). Minima sociaux et prestations sociales – édition 2020. Paris, France : DREES, coll. Panoramas de la DREES-social.

> Des données annuelles sur le RSA, l'ASS, l'AAH et la prime d'activité sont disponibles au niveau national et par département en série longue dans l’espace Open Data du site de la DREES, thème « Minima sociaux et pauvreté », jeu de données « Minima sociaux, RSA et prime d’activité » : www.data.drees.solidarites-sante.gouv.fr

> Des données annuelles sur les aides au logement et la Garantie jeunes en série longue sont disponibles dans le Panorama de la DREES : « Minima sociaux et prestations sociales - édition 2020 », fiches n° 34 et 37.

> CNAF (2021, avril). Estimations avancées des évolutions des foyers allocataires du RSA. CNAF, RSA conjoncture, supplément exceptionnel lié à la Covid-19.

> CNAF (2021, avril). Estimations avancées des évolutions des foyers allocataires de la prime d’activité. CNAF, Prime d'activité conjoncture, supplément exceptionnel lié à la Covid-19.

> Consulter les Open Data de la CNAF et de Pôle emploi et la plateforme PoEm de la Dares.

 

[1] La croissance en glissement annuel un mois m est le taux de croissance entre l’effectif du mois m-12 et celui du mois m.

[2] Les droits à l'allocation chômage sont prolongés jusqu'au 30 juin 2021 pour les demandeurs d’emploi indemnisés au titre de l’ASS et de l’allocation d’aide au retour à l’emploi (ARE), arrivés en fin de droits entre le 30 octobre 2020 et le 30 juin 2021 (Arrêté du 3 juin 2021 modifiant l’arrêté du 12 janvier 2021 portant mesures d’urgence en matière de revenus de remplacement mentionnés à l’article L. 5421-2 du Code du travail).

[3] Les effectifs étaient stables entre décembre 2019 et avril 2020 (+500 allocataires), signe qu’il ne s’agit pas, début 2021, d’un effet saisonnier.

[4] CNAF (2021, avril). Estimations avancées des évolutions des foyers allocataires de la prime d’activité. CNAF, Prime d’activité conjoncture, supplément exceptionnel lié à la Covid-19.

[5] Cet effectif concerne uniquement le régime général (97 % des allocataires d’une aide au logement en décembre 2019).

[6] La baisse mensuelle était de 5,6 % en janvier 2020 et de 5,4 % en janvier 2019.

[7] Jeunes qui entrent pour la première fois dans le dispositif.

[8] Les dernières données disponibles sur les allocataires de la Garantie jeunes sont celles du mois de février 2021.

[9] En réponse à la crise sanitaire, les Crous proposent, depuis le 1er septembre 2020, une tarification spéciale aux étudiants boursiers sur critères sociaux pour les repas servis dans leurs structures de restauration (1 euro au lieu de 3,30 euros). Depuis le 25 janvier 2021, et pendant la durée de la crise sanitaire, tous les étudiants, boursiers ou non, peuvent bénéficier de deux repas par jour au tarif de 1 euro.

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