Pendant les trois premiers mois, la dose de rappel protège à 75 % de l’hospitalisation, au-delà, la protection baisse à 60 % pour les personnes de 40 ans ou plus

Paru le 06/05/2022

La Direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques (DREES) publie les résultats relatifs à l’épidémie de Covid-19 à partir des données d’appariements de tests, d’entrées hospitalières et de vaccinations. Les résultats sur la protection conférée par l’injection d’une dose de rappel, selon que celle-ci a été effectuée il y a moins ou plus de trois mois, portent sur la population des personnes âgées de 40 ans ou plus.

Entre le 28 mars et le 24 avril 2022, en moyenne, 78 % des personnes de 40 ans ou plus ont reçu une dose de rappel. Parmi les 40-59 ans, 50 % des personnes ont reçu un rappel il y a plus de 3 mois, cette proportion atteint près de 70 % pour les 60-79 ans et plus de 66 % pour les 80 ans ou plus (graphique 1). Les effectifs sont donc suffisants pour étudier l’efficacité de la dose de rappel 3 mois après son injection.

Graphique 1 : répartition des personnes âgées de 40 ans ou plus par statut vaccinal entre le 28 mars et le 24 avril 2022

Entre le 28 mars et le 24 avril 2022, le nombre de cas positifs et l’incidence hospitalière, en soins critiques comme en hospitalisation conventionnelle, rapportés à la population, sont systématiquement plus faibles pour les personnes de 40 ans ou plus vaccinées avec rappel depuis moins de 3 mois par rapport aux personnes non-vaccinées (Tableau 1). Pour les personnes avec rappel de plus de 3 mois, ce constat demeure valable uniquement en ce qui concerne l’incidence hospitalière et les décès.

Tableau 1 : Nombres, à taille de population comparable, de tests et d’événements hospitaliers selon le statut vaccinal entre le 28 mars et le 24 avril 2022 pour les personnes de 40 ans ou plus

Actuellement, les populations « partiellement vaccinées » et avec un schéma « complet de moins de 3 mois - sans rappel » sont peu nombreuses, de ce fait, les taux d’incidence associés sont fragiles sur le plan statistique. Pour la suite des analyses, la catégorie des personnes « partiellement vaccinées » a donc été écartée et la catégorie des personnes avec schéma « complet de moins de 3 mois - sans rappel » a été fusionnée avec la catégorie des personnes avec schéma « complet de plus de 3 mois - sans rappel ».

Pour affiner les résultats, une modélisation sur les données recueillies à partir du 13 décembre 2021, restreinte au variant Omicron, permet de dépasser les statistiques descriptives en corrigeant des effets de composition d’âge et de région (graphique 2). Ainsi, toujours sur la population des 40 ans ou plus :

  • contre le risque de développer une forme symptomatique due au variant Omicron, la dose de rappel augmente la protection par rapport au schéma vaccinal initial complet1 – lui-même apportant une protection par rapport à l’absence de vaccin : la protection du rappel varie entre 46 % et 58 % durant les 3 premiers mois suivant son administration, mais cette protection semble disparaitre après 3 mois ;
  • la dose de rappel apporte également un regain de protection contre les formes sévères pour toutes les personnes de plus de 40 ans, avec une protection vaccinale contre les hospitalisations et les décès comprise entre 75 % et 90 % (selon l’âge) dans les trois mois suivant son injection. La protection s’érode après 3 mois, mais elle demeure importante : entre 58 % et 81 %, selon l’âge.

L’ensemble de ces analyses restent néanmoins soumises à un certain nombre de limites, en particulier le fait de ne pas tenir compte d’éventuels épisodes antérieurs d’infection au Covid-19. En effet, il est probable que de nombreuses personnes non vaccinées, ou vaccinées sans rappel, aient été contaminées, en particulier lors de la vague Omicron de début 2022, ce qui conduit à sous-estimer l’efficacité du rappel avec la méthode actuelle. Contrairement aux publications des semaines précédentes, la dose de rappel prise en compte est désormais la plus récente pour les personnes ayant reçu plusieurs doses de rappel (cf. annexe).

Graphique 2 : risques relatifs avec Omicron de forme symptomatique, d’hospitalisation en soins conventionnels, en soins critiques et de décès après hospitalisation, selon l’âge et le statut vaccinal

Les données sous-jacentes à ces résultats nationaux ainsi que des déclinaisons régionales et par classe d’âge sont mises à disposition sous forme de fichiers csv permettant d’exploiter plus finement les résultats présentés. Ces fichiers ainsi que des graphiques complémentaires en format PDF sont disponibles et continuent d’être actualisés chaque semaine sur le site de données ouvertes de la DREES.

Point d’attention : prise en compte de la deuxième dose de rappel pour les personnes concernées

Jusqu’à présent, seule la première dose de rappel était prise en compte. Par conséquent, certains individus considérés comme ayant eu un rappel il y a plus de 3 mois avaient en réalité reçu un deuxième rappel plus récemment. Cette population, croissante, était très minoritaire : entre le 28 mars et le 24 avril, environ 7 % des 80 ans ou plus ont reçu deux doses de rappel (depuis strictement plus de 7 jours), pour les 60 à 79 ans cette proportion est de 1,5 %. Cependant, le fait de ne pas prendre en compte la deuxième dose de rappel conduisait jusqu’ici à légèrement surestimer l’efficacité vaccinale 3 mois après le rappel.

Ainsi, à partir de la publication de cette semaine, la deuxième dose de rappel est désormais prise en compte. Pour simplifier la lecture des résultats, la durée considérée est celle depuis le dernier rappel reçu. Ainsi, les définitions des deux catégories suivantes ont été mises à jour :
- vaccination complète avec rappel de moins de 3 mois : injection d’une dose de rappel (1re ou 2e) il y a strictement plus de 7 jours et moins de 91 jours ;
- vaccination complète avec rappel de 3 mois ou plus : injection d’une dose de rappel (1re ou 2e) il y a strictement plus de 7 jours, dont aucune dose ne remonte à moins de 91 jours.

Ce changement conduit donc à revoir légèrement à la baisse l’efficacité vaccinale 3 mois après le rappel, en particulier pour les âges élevés, sans pour autant modifier les principales conclusions des précédentes publications. Les deux graphiques, 3A et 3B ci-dessous, présentent les mêmes résultats que précédemment, selon l’ancienne méthode.

Graphique 3A : répartition des personnes âgées de 40 ans ou plus par statut vaccinal entre le 28 mars et le 24 avril 2022 sans prise en compte de la deuxième dose de rappel


Graphique 3B : risques relatifs avec Omicron de forme symptomatique, d’hospitalisation en soins conventionnels, en soins critiques et de décès après hospitalisation, selon l’âge et le statut vaccinal sans prise en compte de la deuxième dose de rappel

  • 1On mesure ici majoritairement l’effet de la protection conférée par un schéma vaccinal initial complet de plus de 3 mois

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