Médecins en maisons de santé pluriprofessionnelle : des revenus en hausse et des effets prometteurs pour l’accès aux soins

Paru le 11/05/2021

Résumé

La Direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques (DREES) et l’Institut de recherche et documentation en économie de la santé (Irdes) publient une étude conjointe sur le profil et les revenus des médecins généralistes exerçant dans les maisons de santé pluriprofessionnelle (MSP).

 

Cette étude a été réalisée auprès des médecins généralistes en secteur 1 exerçant en France métropolitaine, âgés de moins de 65 ans et ayant perçu au moins 1 euro d’honoraires et actifs pour chaque année d’observation.

Entre 2008 et 2020, 1 300 maisons de santé pluriprofessionnelles (MSP) ont été créées en France, majoritairement implantées dans les territoires médicalement défavorisés. La qualité des soins et services rendus dans ces maisons de santé est souvent supposée comme étant plus élevée que celle en exercice isolé. Cette étude vise notamment à savoir si, du point de vue des professionnels de santé, et particulièrement des médecins généralistes, l’évolution de leurs revenus nets de charges est susceptible de refléter ou non une fragilité des MSP.

Les médecins généralistes en MSP plutôt jeunes et installés dans des territoires à l’accessibilité aux soins moins favorable

Le profil des médecins généralistes y exerçant est particulier. Ainsi, ceux qui ont rejoint une MSP entre 2008 et 2014 sont un peu plus jeunes en moyenne que leurs homologues et exercent plus fréquemment une activité salariée en sus de leur activité libérale (47,7 ans, contre 48,7 ans pour les « témoins », des médecins généralistes n’ayant pas rejoint de MSP). Ces médecins sont moins souvent des femmes (25,4 % contre 28,6 %), ils sont plus nombreux à vivre en couple mariés ou pacsés (83,1 % contre 77,1 %) et ont davantage d’enfants à charge (1,9 contre 1,6) que leurs confrères qui n’ont pas rejoint de MSP. Ils exercent aussi moins fréquemment en mode d’exercice particulier (homéopathie, acupuncture, allergologie) et ont plus souvent une activité salariée en complément. Enfin, plus du tiers des médecins généralistes qui exercent en MSP en 2014 (36,7 % contre 12,2 %) pratiquaient en 2008 dans des zones rurales, et le quart d’entre eux dans des espaces périurbains (24,8 % contre 18,6 %). Les médecins généralistes installés en MSP ont plus souvent une activité salariée complémentaire (25,7 % contre 20,6 %), et voient, en moyenne, davantage de patients en 2014 qu’en 2008 : 136 patients de plus vus au moins une fois en 2008 et 41 patients inscrits médecin traitant de plus, contre respectivement, 219 et 77 patients de plus en 2014.

Des revenus qui augmentent plus rapidement entre 2008 et 2014, du fait de la hausse plus rapide de leur patientèle

Au cours de la période 2008-2014, les revenus des médecins généralistes ayant choisi d’exercer dans une MSP progressent plus rapidement que ceux de leurs confrères. Ils ont ainsi connu une progression additionnelle de revenu annuel de 2 091 euros comparativement aux médecins exerçant hors de telles structures, tous les médecins ayant par ailleurs vu leur revenu d'activité s’accroître de 10 285 euros sur la période. Cela s’explique notamment par une augmentation plus rapide de la taille de leur file active et donc des rémunérations forfaitaires qui y sont associées. Pour autant, l’évolution du nombre de leurs consultations et visites n’apparaît pas significativement différente. La capacité des médecins en MSP à accroître leur patientèle sans augmenter le nombre d’actes dispensés peut s’interpréter comme un effet direct de la coordination entre professionnels de la MSP. Compte tenu de l’implantation géographique des MSP, plutôt en zone faiblement dotée en médecins généralistes, cette hausse de la taille de la patientèle peut également s’interpréter comme une amélioration de l’accès aux soins.

Les médecins généralistes exerçant en MSP perçoivent en moyenne 600 euros de plus sur l’année au titre de la rémunération sur objectifs de santé publique (Rosp) que ceux n’y exerçant pas

La croissance plus rapide de la patientèle pour les médecins exerçant en MSP ne semble pas avoir été réalisée au détriment de la qualité évaluée au sens de la rémunération sur objectifs de santé publique (Rosp). Des analyses complémentaires menées sur la seule année 2014 suggèrent ainsi que la Rosp, introduite à partir de 2012, a permis une rémunération supérieure pour les médecins généralistes exerçant en MSP. En effet, ces derniers ont perçu en moyenne à ce titre sur l’année 9 % de plus que leurs pairs, soit 595 euros. Leurs revenus progressent plus rapidement que ceux de leurs confrères. Cette différence résulte notamment de la hausse plus rapide de la taille de leur patientèle et des rémunérations associées alors que le nombre d’actes reste comparable, suggérant une baisse du nombre moyen d’actes par patient. On observe également que l’exercice en MSP semble s’accompagner d’une meilleure réponse aux objectifs de santé publique tels que mesurés par la Rosp.

Source

Tous les trois ans, depuis 2005, les données relatives à l’activité de chaque médecin exerçant une activité libérale – données fournies par la Caisse nationale de l’Assurance maladie (CNAM) – sont appariées à celles relatives à ses différents types de revenus, issues de la déclaration d’imposition sur le revenu – fournies par la Direction générale des finances publiques (DGFiP). La base de données obtenue contient à la fois des caractéristiques de l’exercice libéral, des données d’activité sur l’année écoulée, des caractéristiques du foyer du médecin et de l’ensemble des revenus qui y sont perçus. Cet appariement est disponible pour les années 2005, 2008, 2011 et 2014. Un identifiant, commun à toutes les années, permet de repérer le professionnel et de suivre sa trajectoire s’il est toujours en activité. La qualification de l’exercice en société interprofessionnelle de soins ambulatoires (Sisa), donc en MSP, dans les données pour l’année 2014, permet de savoir si un médecin a rejoint une MSP entre 2008 et 2014, sachant qu’il n’y avait quasiment aucune MSP recensée sur la période 2004-2008. La qualification du type de territoire de vie d’exercice s’appuie sur une typologie publiée en 2018.

Consulter

Chaput, H., et al. (2020, janvier). Difficultés et adaptation des médecins généralistes face à l’offre de soins locale. DREES, Études et Résultats, 1140.

Chevillard, G., Mousquès, J. (2020, mars). Les maisons de santé attirent-elles les jeunes médecins généralistes dans les zones sous-dotées en offre de soins ? Irdes, Questions d’économie de la santé, 247.

Chevillard G., Mousquès, J. (2018). Accessibilité aux soins et attractivité territoriale : proposition d’une typologie des territoires de vie français. Cybergeo - European Journal of Geography, Espace, Société, Territoire, document 873.

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