Hébergement d’urgence permanent : davantage de familles et des séjours rallongés au cours des années 2010

Paru le 04/03/2021

Résumé

La Direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques (DREES) publie une étude dans la collection Études et Résultats sur l’évolution du public accueilli en places d’hébergement d’urgence permanentes, à partir des trois dernières vagues de son enquête quadriennale auprès des établissements et services en faveur des adultes et familles en difficulté sociale (ES-DS). Une nouvelle vague de l’enquête ES-DS est collectée au premier semestre 2021. Elle permettra de connaître les effectifs présents en janvier 2021.

 

Une très forte hausse des effectifs hébergés en places d’urgence permanentes
La nuit du 21 au 22 février 2017, 25 900 personnes étaient hébergées en places d’urgence permanentes dans les centres d’hébergement et de réinsertion sociale (CHRS) et les autres centres d’accueil : 7 800 en CHRS et 18 100 dans les autres centres d’accueil (encadré). Ces places visent à offrir un hébergement avec une prise en charge immédiate et inconditionnelle. Ouvertes à l’année1, elles représentent une partie des capacités d’hébergement de ces centres d’hébergement, au côté des places dites « de stabilisation » et « d’insertion », sur lesquelles les personnes accueillies ont vocation à rester pour des durées plus longues.


Le nombre de personnes hébergées en places d’urgence permanentes a augmenté de 78 % entre début 2009 et début 2013, puis de 60 % entre début 2013 et début 2017 : les effectifs ont ainsi augmenté de 17 000 entre début 2009 et février 2017. D’après l’enquête « Accueil, Hébergement, Insertion » (AHI) de la Direction générale de la cohésion sociale (DGCS), la hausse des effectifs a continué après 2017. Le nombre de places d’urgence permanentes2 dans les centres d’hébergement a ainsi augmenté de 54 % entre décembre 2016 et décembre 2019.


Trois personnes sur dix hébergées en places d’urgence ont moins de 18 ans
29 % des personnes hébergées début 2017 sont mineures, alors que les moins de 18 ans représentent 22 % de l’ensemble de la population en France. 69 % sont des étrangers non ressortissants de l’Union européenne (UE), 9 % des étrangers ressortissants de l’UE et 22 % des Français. La part des mineurs a augmenté de 8 points entre début 2013 (21 %) et début 2017 ; elle augmente de cet ordre de grandeur pour les Français comme pour les étrangers.


Deux personnes hébergées sur trois sont ressortissantes d’un pays hors de l’UE
Début 2017, une personne sur quatre hébergée en places d’urgence est française, moins d’une sur dix est étrangère mais ressortissante de l’UE et deux sur trois ne sont pas ressortissantes de l’UE. 19 % des personnes hébergées sont des demandeurs d’asile. La proportion des ressortissants d’un pays hors de l’UE a augmenté de 6 points entre début 2013 et début 2017.


Près de la moitié des adultes hébergés sont des hommes seuls et sans enfant
Parmi les adultes hébergés début 2017, 46 % sont des hommes seuls et sans enfant (contre 10 % des adultes dans l’ensemble de la population), 17 % des femmes seules et sans enfant (13 %) et 12 % des femmes seules avec enfant(s) (5 %). En contrepartie, les personnes en couple sont fortement sous-représentées parmi les adultes hébergés en places d’urgence : ceux sans enfant constituent 5 % des adultes hébergés (contre 35 % de l’ensemble des adultes), ceux avec enfant(s) 17 % (36 %). Les Français sont plus souvent seuls et sans enfant (84 %) que les non-ressortissants de l’UE (54 %).


La part des adultes accompagnés d’enfant(s) augmente de 8 points entre début 2013 et début 2017
La part des hommes seuls sans enfant a diminué de 11 points, passant de 57 % en 2013 à 46 % début 2017, alors que celle des femmes seules sans enfant a légèrement augmenté (+3 points). La part des adultes accompagnés d’enfant(s) est en hausse, qu’ils soient seuls ou en couple (+4 points dans les deux cas). La hausse de la part des adultes avec enfant(s) est principalement imputable aux non-ressortissants de l’UE.


Début 2017, adultes et enfants confondus, les hommes constituent 56 % des personnes hébergées en places d’urgence. Toutefois, la part des femmes progresse de 8 points entre 2013 et 2017, en lien avec la hausse de la part des femmes isolées, des familles monoparentales et des personnes en couple avec enfant(s).


La moitié des personnes sont hébergées depuis au moins 4 mois et demi
Alors que les places en hébergement d’urgence sont normalement destinées à de courtes durées de séjours, la moitié des personnes hébergées la nuit du 21 au 22 février 2017 dans une section d’urgence permanente y sont depuis au moins 135 nuits consécutives (avec une place réservée), soit environ quatre mois et demi. 20 % des personnes y sont depuis au moins quinze mois. Signe à la fois de l’effet des évolutions législatives et de la difficulté à proposer une sortie vers une structure d’hébergement plus stable ou un logement, l’ancienneté d’hébergement en section d’urgence permanente a nettement augmenté par rapport à 2013 : l’ancienneté médiane était alors de seulement deux mois.


Les familles séjournent plus longtemps dans les sections d’urgence. L’ancienneté médiane était ainsi, début 2017, de huit mois et demi pour les couples avec enfant(s), de cinq mois pour les familles monoparentales et de deux mois et demi pour les adultes isolés. En conséquence, cette ancienneté médiane est plus élevée pour les mineurs (environ six mois) que pour les majeurs (un peu moins de quatre mois).

1Ces établissements pouvaient par ailleurs ouvrir au maximum environ 4 000 places supplémentaires durant la période hivernale ou, plus spécifiquement, durant les plans Grand Froid, qui ne sont pas prises en compte dans cette étude. L’hébergement par les nuitées d’hôtel, mobilisées par les associations sur financement de l’État, n’est pas non plus inclus dans l’analyse.
2L’enquête AHI de la DGCS ne fournit pas de renseignement sur les effectifs ou le public hébergé.

Source et champ
L’enquête ES-DS
L’enquête quadriennale de la DREES auprès des établissements et services en faveur des adultes et familles en difficulté sociale (ES-DS) porte sur l’activité des établissements, leur personnel et les personnes qu’ils accueillent. Elle constitue la principale source d’information statistique en France sur les effectifs et les profils des personnes sans domicile hébergées dans les établissements sociaux, et leur évolution au fil du temps. L’enquête existe depuis 1982. Une nouvelle vague de l’enquête ES-DS est collectée au premier semestre 2021. Elle permettra de connaître les effectifs présents en janvier 2021


Champ
L’étude porte sur deux catégories d’établissements, qui font partie de l’hébergement dit « généraliste » :

  • les centres d’hébergement et de réinsertion sociale (CHRS) ;
  • les « autres centres d’accueil », qui sont des centres d’hébergement d’urgence, de stabilisation ou d’insertion hors CHRS. Les autres centres d’accueil incluent les centres d’hébergement d’urgence (CHU).

Ces deux catégories représentent, début 2017, 94 % des personnes hébergées en places d’urgence permanentes dans un centre d’hébergement ou dans un établissement de logement adapté.
L’hébergement par les nuitées hôtelières n’entre pas dans le champ de l’enquête ES-DS, de même que les établissements ou lieux mobilisés uniquement de manière temporaire, traditionnellement pour l’essentiel au cours de la période hivernale.


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